Combustibles solides de récupération, une opportunité pour les outre-mer

Grâce à son fort pouvoir calorifique, le CSR peut remplacer les énergies fossiles dans certains types d'installations, ou être utilisé sur des fours dédiés à haut PCI (production d'électricité ou de chaleur). Il s'agit d'une forme de valorisation énergétique des déchets.

La préparation de CSR est un maillon complémentaire au recyclage (valorisation matière) et à la réduction à la source des déchets, dans une logique d’optimisation des ressources sur un territoire. Elle peut représenter un complément d’activité pour les centres de tri et est génératrice d’emplois locaux.

Le recours aux CSR peut contribuer à la réduction de la Taxe générale sur les activités polluantes (TGAP) liée au stockage, en réduisant les déchets arrivant en Installations de stockage de déchets non dangereux (ISDND) (la TGAP étant calculée sur la quantité de déchets entrants et sur le mode d’exploitation de l’installation de stockage).

Le CSR n’est donc pas la solution unique, mais reste un procédé intéressant dans une logique globale d’économie circulaire.

Unité de préparation du CSR

Les CSR sont généralement issus des refus de tri des déchets des activités économiques, des collectes sélectives des emballages, des encombrants (déchets secs et riches en résidus de plastiques, bois, papier...) non recyclables dans les conditions actuelles.

Les CSR nécessitent d'être préparés afin de permettre leur introduction dans les unités de valorisation énergétique (tri, broyage, criblage, séchage). Ils sont stockables et se caractérisent par un potentiel énergétique relativement élevé (mesuré par le Pouvoir calorifique inférieur [PCI]). La teneur en polluants (halogénés, métaux lourds, etc.), en humidité et leur granulométrie doivent être compatibles avec les procédés de valorisation énergétique, de traitement des fumées et avec les exigences réglementaires sur le devenir des cendres.
Les unités de préparation des CSR sont réglementairement des unités de traitement des déchets.

Dynamique nationale

Le premier appel à projets « Énergie CSR » de l’ADEME était lancé en 2016. Depuis, ce sont 4 autres appels à projets qui ont permis de structurer des filières de valorisation des déchets non recyclables. L’objectif étant la valorisation de 1,5 million de tonnes de CSR par an d’ici 2025, dans une logique de substitution des énergies fossiles et de réduction de l’enfouissement.

Les CSR, une opportunité pour les outre-mer

La production et la valorisation des CSR est une opportunité pour améliorer la gestion des déchets dans les Outre-mer malgré ses contraintes techniques, réglementaires et financières. L'éloignement de l’hexagone, souvent combiné à une insularité, impose de trouver des solutions locales pour la majorité des déchets produits. L’espace foncier contraint renforce la nécessité de sortir du tout enfouissement, un modèle gourmand en m² et non pérenne dans le temps. La préservation des capacités de stockage (saturation souvent prévue à court terme) renforce le caractère d’urgence de mise en place de nouvelles solutions. La candidature d’un syndicat de traitement des déchets réunionnais dès le premier appel à projets de 2016 en témoigne.

Le CSR constitue une ressource locale et contribue partiellement (uniquement la part biogénique) au mix énergétique des énergies renouvelables. Utilisé en substitution des ressources fossiles importées dans la production d’électricité, il peut participer à l’atteinte de l’objectif d’autonomie énergétique des territoires ultra-marins, non interconnectés.

Aujourd’hui, la majorité des territoires d’outre-mer étudient ou développent des projets autour du CSR. Ils se positionnent aussi comme acteur de la réduction des quantités de déchets ménagers et assimilés et comme promoteurs d'une transition vers une économie circulaire, comme prévu dans la loi AGEC.

L’île de La Réunion est déjà bien avancée puisque deux projets sont en cours :

  • Pour l'ouest et le sud de La réunion : RUN’EVA pour la préparation et la valorisation. Livraison prévue pour 2024 ;
  • Pour le nord et l'est de La Réunion : INOVEST pour la préparation, mis en service en décembre 2020, et ALBIOMA pour la valorisation, mise en service prévue en 2024 le nord.

Ces projets CSR s’accompagnent d’une démarche active des collectivités dans la prévention et l’économie circulaire : tarification incitative, programmes locaux de prévention des déchets ménagers et assimilés, Contrats d’objectifs déchets et économie circulaire (CODEC), labels économie circulaire, actions de gestion de proximité, etc.